Couple : qui choisit qui?

Je vous propose ici un petit résumé de l’article de Marie Bergström, chercheuse à lINED.

Marie Bergtröm s’appuie sur les données de l’enquête EPIC et sur les données de Meetic.

Je précise tout de suite que « la moralité », en fin de cet article, n’est pas de Marie Bergström.

Retour sur l’écart d’âge

Marie Bergström a souhaité mieux saisir le processus de rencontre et non pas (seulement) les caractéristiques des personnes déjà en union. Grâce aux données de Meetic, elle observe les couples « en train de se faire » pour comprendre comment on aboutit à une domination masculine au sein de la majorité des couples, en termes notamment d’écart d’âge. De nombreuses études (principalement les études de Michel Bozon) ont montré que dans la majorité des couples hétérosexuels le partenaire masculin a un « avantage » en termes d’âge sur sa partenaire (et donc aussi en termes de statut social, d’avancée dans la carrière, de revenus…). Jusque là, les études proposaient l’hypothèse d’une « domination consentie » de la part des femmes. En effet, ce sont plutôt les femmes qui disent s’intéresser à des hommes plus âgés qu’elles et que donc ce sont elles qui engendrent cette domination. Les hommes, quant à eux, ayant tendance à répondre que l’écart d’âge n’est pas une préoccupation pour eux (qu’elle soit positive, négative ou nulle).

/* Dans ce modèle d’une domination consentie des femmes (Bozon), sous-tendue par une vision sociobiologiste, « l’écart d’âge découlerait d’un troc où les hommes échangeraient des ressources économiques – corrélées à un âge élevé – contre les ressources esthétiques et reproductives des femmes – associées à la jeunesse »*/

Faire ce que l’on dit…?

Or, lorsqu’on regarde les « rencontres en train de se faire », on s’aperçoit que les « les hommes plus que les femmes ne font pas toujours ce qu’ils disent qu’ils font »… Autrement dit, ils contactent et s’intéressent aux femmes plus jeunes!

« Aux âges jeunes (avant 25 ans), les hommes contactent aussi bien des personnes plus âgées que plus jeunes. Lorsque l’on monte dans les âges, ils manifestent un intérêt de plus en plus marquée pour les femmes plus jeunes […] Chez les utilisatrices, c’est tout l’inverse »

Ce sont donc bien les hommes qui soutiennent principalement la différence d’âge en leur faveur…. d’autant que ce sont eux qui ont (principalement) l’initiative (l’obligation des) premiers contacts. Cela renvoie dès lors à deux autres représentations (qui deviennent parfois des injonctions).

Première représentation, l’idée que les hommes mais surtout leur sexualité répond à un désir ardant, à une pulsion qu’ils ne contrôlent pas vraiment quand (seconde représentation) « les filles ne sont pas censées vouloir pareillement que les garçons » (Clair,2012).

Femmes âgées et hommes jeunes : hors du système d’appariement

Or cette norme de l’initiative masculine, que l’on retrouve – malgré les discours sur la révolution sexuelle et les transformations sociales en matière de rôles de sexe – aussi dans les rencontres « hors ligne », ôte aux femmes un pouvoir d’action important et met les hommes en « position de force » dans la négociation des conditions de la rencontre. Et donc pèse dans l’écart d’âge.

Les femmes, notamment avec l’avancée en âge, s’adaptent plus qu’elles ne choisissent.

Cet écart d’âge « négocié », et principalement négocié par les hommes, explique également que les femmes, passé un certain âge, sont plus souvent seules qu’en couple…. Quant, à l’inverse, ce sont les jeunes hommes qui sont plus souvent seuls qu’en couple.

Moralité

Moralité : si les laissé.e.s pour compte de la conjugalité – les jeunes hommes et les vieilles femmes – badinaient joyeusement, tout irait bien dans le meilleur des mondes! … Mais… Tiens, tiens, cela me rappelle un couple…

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